La BCE passe la seconde. L’euro numérique à l’air de vouloir tenir son calendrier et après la première phase d’enquête lancée par l’Eurosystème en 2021, le Conseil des gouverneurs de la BCE a approuvé le 18 octobre dernier le lancement d’une phase de préparation qui devrait durer jusqu’en octobre 2025. Dans le cadre de cette dernière phase, 14 participants expérimentent depuis le mois de novembre divers mécanismes liés à l’utilisation de cette MNBC et les choses vont encore s’accélérer avec le lancement de la deuxième phase de tests qui examinera de nouveaux cas d’utilisation avec toujours plus d’institutions financières privées, mais aussi de nouvelles banques nationales. Voyons ensemble où en est ce projet aussi attendu que redouté et qui déchaine les espoirs comme les pires paranoïas.
De juillet à novembre 2024, 48 institutions financières participeront à des tests grandeur nature
Un mot d’abord sur les structures européennes à l’œuvre dans ce projet et notamment l’Eurosystème, l’autorité monétaire de la zone euro qui regroupe la Banque centrale européenne (BCE) et les banques centrales nationales des États membres de l’Union européenne qui ont adopté l’euro. Au sein de la BCE, c’est le Conseil des Gouverneurs qui est le principal organe de décision et il est composé de six membres nommés par le Conseil européen accompagné des gouverneurs des banques centrales nationales concernées. Voilà pour les instances dirigeantes.
Concernant l’euro numérique, c’est donc bien la BCE qui est aux manettes et le Conseil des Gouverneurs a donc donné son feu à la mise en place d’un groupe de participants très élargi à la phase préparatoire de tests sur la technologie des registres distribués (DLT). De 14 participants à la première phase, on va maintenant passer à 48 participants issus du secteur financier privé, mais aussi public puisque trois nouvelles banques centrales européennes vont prendre part à l’aventure.
La Banque centrale européenne tient son calendrier et avance vers l’Euro numérique
Parmi les grandes institutions financières qui vont prendre parts aux expérimentations, on retrouve par exemple ABN AMRO, BNP Paribas, Bank of New York Mellon, HSBC, JPMorgan et Société Générale, pour plus de détails, la liste complète est à retrouver sur le site de la BCE. De juillet à novembre 2024, ce nouveau groupe explorera les cas d’utilisation suivants :
- paiements domestiques au sein de la zone euro avec règlement fictif ;
- règlements réels et fictifs de titres financiers ;
- transactions de change en mode paiement contre paiement (PvP) avec d’autres banques centrales avec règlement fictif.
Il faut préciser que l’ensemble de ces tests se concentreront sur l’interopérabilité entre les transactions sur le DLT et la plateforme de règlement TARGET 2. Cette plateforme est, pour rappel, la principale plateforme européenne de traitement des paiements de montant élevé, utilisée à la fois par les banques centrales et les banques commerciales pour exécuter les paiements en euros en temps réel.
Enfin, plusieurs solutions d’interopérabilité liées à l’Eurosystème seront également testées dans le cadre du projet Meridian piloté par la Banque des Règlements Internationaux en collaboration avec la Banque d’Angleterre. L’idée étant de mettre en pratique les solutions de changement de devise avec une banque centrale extérieure à l’Eurosystème.
Tout ceci est plutôt technique, mais dans les faits l’euro numérique commence à se dessiner et le vote final du Conseil des Gouverneurs prévu pour octobre 2025 semble plus près que jamais. La monnaie numérique de banque centrale sera probablement une réalité dans quelques années même si de nombreuses questions demeurent en suspens comme son accès hors ligne ou les prestataires choisis pour son déploiement. Réponses dans les mois qui viennent.
La Voix de Dieu Magazine 