Le président russe Vladimir Poutine a achevé sa tournée en Asie, qui l’a conduit en Corée du Nord et au Viêt Nam. Il a signé des dizaines d’accords avec les deux pays, mais le plus notable est le pacte de défense avec Kim Jong Un, que nous avons détaillé précédemment.
En ce qui concerne les liens géopolitiques et sécuritaires, et sous l’œil attentif de l’Occident, Poutine a lancé quelques avertissements inquiétants lors de sa conférence de presse de clôture à Hanoï, jeudi. Il a indiqué que la Russie pourrait modifier sa politique de dissuasion nucléaire.
Non seulement les derniers mois ont été marqués par des menaces nucléaires et des coups de sabre entre Moscou et l’OTAN, mais certains législateurs américains sont allés jusqu’à parler d’une « crise des missiles de Cuba dans l’espace » à la suite d’allégations selon lesquelles la Russie aurait l’intention de lancer une arme nucléaire spatiale en orbite.
Dans l’état actuel des choses, la doctrine nucléaire russe repose sur le déploiement d’armes nucléaires uniquement dans le cas où le territoire russe serait menacé de manière existentielle (à l’instar d’autres pays dotés d’armes nucléaires). Mais voici le communiqué de presse résumant les propos de Poutine, publié par Sputnik :
La Russie pourrait envisager de modifier sa politique de dissuasion nucléaire, a averti le président russe Vladimir Poutine. Selon Poutine, cette question est devenue un sujet de débat à la lumière des récentes discussions dans le monde sur l’abaissement du seuil d’utilisation des armes nucléaires.
Dans le même temps, le président russe a fait remarquer que la Russie n’a pas besoin d’être en mesure de lancer une frappe nucléaire préventive.
Par la suite, Poutine a rencontré les diplômés des universités militaires du pays au Kremlin, à son retour en Russie après son voyage en Asie. Dans son nouveau discours, il a déclaré qu’il ordonnerait la poursuite du développement de la triade nucléaire, qui fait référence à la triple défense stratégique impliquant des missiles balistiques intercontinentaux, des missiles balistiques lancés par des sous-marins et des avions bombardiers.
« Nous prévoyons de poursuivre le développement de la triade nucléaire pour garantir la dissuasion stratégique et maintenir l’équilibre des forces dans le monde », a-t-il déclaré. Les seuls autres pays à posséder une triade nucléaire dans le cadre de leur défense nationale sont les États-Unis, la Chine et l’Inde.
Comme on pouvait s’y attendre, il s’est exprimé de manière assez vague sur les changements potentiels à venir… « Il est certain que nous allons renforcer notre potentiel, améliorer les capacités de combat de toutes les branches et de tous les types de forces armées, mettre en service – ce qui fait la fierté de nos concepteurs, ingénieurs et travailleurs – les systèmes les plus récents qui ont confirmé leurs qualités et leurs caractéristiques vraiment uniques, et continuer à travailler sur des modèles avancés », a-t-il déclaré selon les médias d’État.
Tout cela est d’autant plus inquiétant pour les dirigeants du monde entier que le président vient de signer un pacte de défense avec Kim, le président de la Corée du Nord. Dans le même ordre d’idées, il avait précédemment adressé une mise en garde à la Corée du Sud en réponse à des informations selon lesquelles elle pourrait expédier des armes à l’Ukraine :
La Corée du Sud pourrait livrer de telles armes à la zone de conflit en Ukraine, ce qui serait une erreur, a averti Poutine.
« La livraison d’armes létales à la zone de combat en Ukraine serait une très grave erreur. J’espère que cela ne se produira pas. Si c’est le cas, nous prendrons nous aussi les décisions qui s’imposent, ce qui ne plaira probablement pas aux dirigeants actuels de la Corée du Sud« , a-t-il déclaré.
Il a ensuite menacé de prendre des mesures réciproques en armant Pyongyang avec des armes russes de pointe. « Ceux qui fournissent ces armes pensent qu’ils ne sont pas en guerre contre nous, mais j’ai dit, y compris à Pyongyang, que nous nous réservons le droit de fournir des armes à d’autres régions, en gardant à l’esprit nos accords avec la République populaire démocratique de Corée, et je n’exclus pas cette possibilité non plus.
Il s’agirait d’un « scénario catastrophe », d’autant plus que le Pentagone dispose depuis des décennies d’un grand nombre de troupes stationnées dans la péninsule coréenne. Il est peu probable que Séoul décide d’armer Kiev de manière significative, car cela déstabiliserait davantage les relations déjà tendues avec le Nord.
La Voix de Dieu Magazine 